Cher ami,
Je comprends très bien votre raisonnement, cependant vous avez tort et je me fais fort de vous démontrer pourquoi.
Vous pensez que les nouveaux arrivants vont détruire notre art de vivre à la française, je vous dis qu’ils vont enrichir nos traditions. Vous craignez les mélanges, je vous dis que la race va en ressortir revivifiée. Vous pensez qu’ils traitent mal les femmes, je vous dis qu’un peu plus de pudeur ne pourra pas leur faire de tort pour notre bien à tous. Vous trouvez leur mode de vie barbare, je vous demande au nom de quoi vous osez juger une culture différente et manifestement si vivante et vigoureuse. Vous râlez contre leur soumission à leurs lois, je vous dis que plus d’ordre nous sera forcément bénéfique. Vous vous plaigniez de devoir payer pour eux, je vous dis que c’est un bien maigre sacrifice par rapport à la chance qu’ils représentent pour nous. Vous pleurnichez de devoir baissez la tête devant eux, je vous dis que votre tolérance vous grandira. Vous déplorez leur envie d’expansion, je vous réponds que l’avenir ne se fera que dans des ensembles supranationaux. Vous méprisez leurs habitudes culinaires, je vous fais remarquer que leur hygiène est supérieure à la notre. Vous trouvez honteux la façon dont ils traitent les juifs, je vous dis qu’il n’y a pas de fumée sans feux et que c’est mérité. Vous maugréez contre les restrictions alimentaires que la situation nous impose, je vous dis que ce ne pourra être que bénéfique pour votre santé. Vous êtes désolé par la censure qu’ils imposent, je vous dis que certaines choses, comme la figure des grands leaders, se doivent d’être épargnées.
Vous voyez, ce que vous nommez déraisonnablement une invasion est en fait une opportunité formidable pour rendre sa jeunesse et son avenir à notre vieux pays si fatigué. Réjouissez vous et participez activement à l’établissement de l’ordre nouveau, vous vous en sentirez magnifiquement ragaillardi et vous laisserez enfin de côté vos idées noires.
Texte de Pierre Laval publié dans « je suis partout » et diffusé sur « Radio Paris » en juin 1941.
Ps : pour les simples, c’est bien entendu une parodie sans aucun rapport avec une situation passée ou actuelle…