Je dois faire un aveu, je ne suis pas mélomane. Je ne deviens pas tout dur de partout quand certains morceaux inondent mes circonvolutions cérébrales. Je n’écoute que peu de musique et je m’en porte fort bien.
Cependant, j’ai reçu une éducation des plus classiques. J’ai donc pu écouter et réécouter sur mon tourne-disque fisher-price beige et orange « Piccolo, Saxo et Compagnie », « Pierre et le loup », « la flûte enchantée » et ainsi de suite. J’ai aussi eu a subir un nombre infini d’heures de solfège.
Tout ça pour dire que si je ne maîtrise effectivement pas le sujet, j’ai les bases nécessaires pour me rendre compte que ce qui est grossièrement dénommé musique aujourd’hui n’a strictement rien à voir avec le travail ahurissant fourni à la recherche de la plus parfaite harmonie pendant des siècles.
Les demeurés qui passent à longueur de journées sur èmetivi et qui annonent béatement des textes indigents sur fond de bruits de bottes ne sont pas des musiciens. Les bas du front qui s’imaginent incroyablement malin en éructant des textes pornographiques et tellement évidents que n’importe quel gamin est capable de deviner le reste de la chanson après les premières secondes d’introduction ne sont pas des musiciens non plus.
La musique symbolise l’état d’avancement d’une société. Ceux qui ont des violons sont plus avancés que ceux qui tambourinent avec des fémurs humains fraîchement prélevés sur des troncs d’arbres morts. Allumez donc votre radio et dites moi si vous entendez du clavecin ou ce qui semble être le bruit d’un type se cognant la tête dans la porte de son frigo tout en écrabouillant la queue de son chat à l’aide d’une boîte de conserve de cassoulet premier prix.
La musique est un parfait exemple de la décrépitude morale et culturelle dans le maelström de laquelle nous sommes tous emportés. La musique qui était un moyen de s’élever vers les anges est devenu l’urinal de Satan, un moyen de s’étourdir en permanence pour éviter à tous prix le silence qui pourrait nous amener à penser et donc à réaliser la vacuité de nos vies lamentables.
Par conséquent il faut interdire sous peine de catapultage l’utilisation du mot musique à tous les faiseurs de bruits compulsifs. Mais comme je ne suis pas une brute je leur propose un nouveau terme. Attendu que la vraie musique est l’art des muses, attendu que ce qu’ils pratiquent ne fait que devenir de plus en plus redoutable après avoir été plutôt agréable, attendu que les sons produits sont ceux d’une meute hurlante, il me semble que ce qu’ils pratiquent est l’art d’Hécate. Donc la nouvelle dénomination de ce bruit moderne et envahissant sera l’hécatique.