Tenez, un billet vaguement sérieux et politique pour une fois.
Je voudrais donner un tout petit conseil aux blogueurs de gouvernement en général et à Nicolas en particulier que j’aime bien malgré toutes nos différences (qui sont autant de chances bien entendu).
Quand vous n’êtes pas occupés à charger bite à l’air contre les moulins à vent des classements bloguesques, vous aimez bien vous rassurer en affirmant que le gouvernement est là, et bien là, pour 5 ans et pis c’est tout donc il n’y aura pas de dissolution ou je ne sais quoi.
C’est une grave erreur. Pas de le penser hein, au niveau institutionnel vous avez parfaitement raison, mais de le dire. Vous voyez, il ne faudrait jamais, absolument jamais, mentionner des idées qui nous semblent absurdes. Parce que c’est comme ça que ça marche toujours et qu’on leur donne une caisse de résonnance. Au début, c’est un infra-bruit à peine audible, puis on commence à y faire attention et ça devient un bruit de fond, puis on essaie de le bloquer et ça devient un vacarme insupportable. Le fait de parler d’idées idiotes est un moyen de les faire exister. Une fois qu’elles existent il faut les combattre. Une fois qu’on les combat, on risque de perdre. Par exemple c’est comme ça que notre camp est en train de paumer sur l’histoire du mariage homo et que les honnêtes gens se sont retrouvés petit à petit forcés de faire allégeances aux monstruosités modernes.
Quand vos lecteurs degauches viennent chez vous, c’est pour prendre un bol d’air bien confiné et se rassurer. Vous êtes leur chambre capitonnée. Ils voient bien que l’ensemble de la presse tape sur le gouvernement dont les premiers mois apparaissent, légitimement ou non on s’en tape, comme un échec lamentable et retentissant. La poignée d’électeurs qui croyait en Hollande à l’impression que le couvercle de l’arche d’alliance vient de sauter et que leur face va se mettre à fondre d’une minute à l’autre. Ils ont donc besoin d’être rassérénés, et vous, au lieu de faire des billets positifs disant que tout va bien, le gouvernement garde le cap, que les promesses seront tenues coûte que coûte et que la vie est belle, vous les assommez en sous-entendant qu’il est envisageable, puisqu’envisagé par certains, que le gouvernement saute déjà. Après l’idée de la dissolution fait son bonhomme de chemin dans leur petit subconscient. Et patatras, on finit avec une vraie dissolution. D’ailleurs que fais-je là moi-même si ce n’est alimenter le bruit de dissolution qui s’intensifie dès qu’on en parle, de la dissolution.
Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, pour vous, parce que moi la dissolution je n’ai rien contre bien entendu. Je trouve même que c’est un joli mot « dissolution » et que la dissolution est aussi une belle tradition démocratique… Mais peut-être même vous n’avez finalement pas d’autre choix que de faire face à la réalité.
Dissolution.
Dissolution.
Dissolution.