Je suis ce qu’il est convenu d’appeler un droitard. Ma « famille » politique devrait se situer à la droite raisonnable de l’échiquier politique. Dans la droite ligne du vieil oncle qui picole et qui veut pouvoir dire ce qui lui passe par la tête sans se faire traiter d’homophobe, de raciste ou de sexiste. Bref, je suis dans un courant de pensée, et d’absence de pensée, c’est selon, parfaitement traditionnel.
Seulement voilà, les gens comme moi, finalement relativement raisonnables sont aujourd’hui poussés à grands coups de boutoir déplaisants dans le même caniveau que tout ceux qui n’acceptent pas de se soumettre mentalement à la Grande Normalisation selon laquelle tout vaut tout à part les mâles blancs hétérosexuels qui sont, selon la nouvelle doxa, et de manière assez contre-intuitive, des enculés.
C’est la Grande Normalisation qui nous pousse vers la révolution. La fin de la liberté d’expression qui n’est rien d’autre que l’interdiction du blasphème et le rétablissement des tabous, au sens propre, et donc un retour à la stupidité la plus crasse doit remplir le cœur de tout honnête homme de l’envie de catapulter les pieds en avant tout ces nouveaux prêtres dans des hachoirs à viande très lent.
Chaque mot interdit, chaque idée bannie est une défaite de l’intelligence. Il est de notre devoir de nous redresser, d’enduire nos avant bras de vaseline et de fister la bienséance jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Nous en sommes là et nous n’en réchapperons pas. A nous de voir comment nous désirons passer le temps qu’il nous reste et les décombres que nous acceptons de laisser à nos enfants. Dans ces conditions, je ne peux plus être un droitard, il est nécessaire que je sois bien pire.